Une visite chez Markowski
Par Erick Dondellinger le vendredi 1 février 2008, 20:00 - Souliers - Lien permanent
Cet article se veut le compte-rendu d’une agréable rencontre avec les créateurs de la marque de chaussures Markowski, apparue à l'automne 2007 sur le marché français. N'étant ni bottier ni journaliste, je n’ai certainement pas les compétences nécessaires pour cet exercice alors le résultat s'en ressent probablement.
Je précise également que je n’ai pas été payé, n’ai pas non plus reçu un modèle gratuit pour le tester et ne suis en rien lié à cette entreprise.
Introduction
Il y a quelques temps déjà, une invitation avait été lancée sur un forum francophone consacré aux souliers par M. Claude Makowski pour découvrir leur marque apparue récemment sur le marché. A la deuxième proposition, je me suis dit qu’il n’était pas correcte de l’ignorer plus longtemps. Après quelques échanges avec M. Makowski, M. Marcos Fernandez me recontacte pour organiser une rencontre ; elle a eu lieu le 30 janvier 2008, dans leur entrepôt en proche banlieue parisienne. A l'origine, cet article était donc destiné à un autre support.
Une longue discussion avec ces deux personnes sympathiques et complémentaires : à Marcos Fernandez la conception des chaussures et la gestion de la fabrication, à M. Makowski la communication et les ventes. Je vous épargne le parcours des différents protagonistes de l’aventure, tout est sur leur site internet.
Pourquoi Markowski ?
Un postulat très simple : dans leur très grande majorité, les clients potentiels ne souhaitent pas dépenser de fortes sommes d’argent dans leurs chaussures (le pouvoir d’achat en baisse...). M. Fernandez m’explique finalement - j’interprète - que le marché n’est pas à l’image d'un forum de passionnés... la plupart des individus recherche des chaussures qui ne coûtent pas le prix que d'autres sont prêts à dépenser dans une paire et ce n’est pas parce que cette clientèle privilégiée dispose éventuellement de moyens financiers conséquents - avec la position qui va avec - qu’ils échappent à cette règle. C’est parfois bon de se le rappeler.
Alors, de là est née l’idée de créer des chaussures avec le meilleur rapport qualité / prix possible et de jouer sur les volumes, avec des objectifs importants, pour générer une affaire rentable et pérenne. Car, ils ne s’en cachent pas, c’est un business et ils sont là pour vendre des chaussures !
Le projet a commencé il y a environ un an, la création de la société s’est faite à l’été, et le lancement date de la mi-novembre. Un temps finalement assez court pour mettre sur pieds cette entreprise. C’est très certainement lié à la connaissance du marché de M. Fernandez mais aussi à ses contacts pour la maîtrise de la production.
Ils insistent sur le fait qu’ils conçoivent les chaussures vendues, s’impliquent dans leur fabrication et ne sont donc pas de simples marchands.
Pour ma part, même si mes goûts et intérêts me portent vers d’autres horizons, il me semble intéressant d’avoir un nouvel acteur sur ce marché et dans cette gamme de prix. Des marques comme Emling, Loding, Finsbury, Bexley ou encore Mack James sont régulièrement citées dans cette fourchette de prix. Inutile d’évoquer les propos qui peuvent s'échanger sur le positionnement de Markowski par rapport à ces marques, on passe dans le subjectif et cela serait susceptible de froisser.
La production...
Sur ce point, je n’ai pas obtenu beaucoup de détails - mais n’ai pas non plus particulièrement insisté sur le sujet - M. Fernandez s’est plus concentré sur le savoir-faire de ses partenaires. Deux sites de production, un en Espagne pour une grande majorité des modèles, un au Portugal pour les modèles en cousu norvégien. M. Fernandez me précise qu’il connaît bien ces acteurs depuis de longues années et qu’il s’investit sans cesse pour faire avancer les techniques de production et les optimiser en vue d’obtenir un produit de qualité satisfaisante.
Des techniques modernes sont employées notamment pour la découpe : pas d’emporte-pièce mais une découpe machine assistée par ordinateur avec guidage laser. L’avantage, selon eux, se trouve notamment dans la précision des tailles.
M. Fernandez insiste encore sur son expérience du métier pour me préciser qu’il n’hésite pas à intervenir sur le réglage des machines (vitesse pour la régularité du point), la préparation des outils (par exemple : préparer l’aiguille pour une perforation propre) ou la mise en œuvre d’astuces qui resteront secrètes...
Il ne me semble pas qu’ils achètent eux-mêmes leurs peausseries mais passent pour cela par leurs fabricants en choisissant des qualités de peau C, D et E. Ils me précisent que lorsque certains ’italiens’ prennent des qualités inférieures, c’est souvent pour les "maquiller" avec de belles patines... Markowski ne souhaite pas adopter cette approche et se trouve ainsi dans l’obligation - si l'on peut dire - de sélectionner une meilleure qualité de peausserie.
Le site internet et le choix de la vente en ligne...
Petit rappel de l’adresse : Markowski Chausseur
Ils me le disent très clairement : impossible de maintenir ce niveau de prix en développant des points de vente s’ils veulent être rentables (suivez mon regard...). La vente en ligne est donc le seul moyen de limiter les charges et de proposer un prix de vente raisonnable (les modèles "ville" sont autour de 135 euros).
Personnellement, je le trouve un peu trop brouillon et pas forcément très agréable à l’œil. Ils me précisent qu’ils ne souhaitent pas donner à cette vitrine un aspect trop luxe et préfèrent lui garder une certaine simplicité notamment en évitant le flash. Il doit cependant évoluer dans les prochains mois.
Je remarque que la seule vente en ligne peut avoir des inconvénients pour le choix de la bonne taille et la certitude que le chaussant convient mais les faibles retours ne les amènent pas à penser que cela soit un problème pour le moment. Ils proposent d’ailleurs une politique d’échange "Satisfait ou Satisfait ?" (échange ou remboursement dans les trente jours).
Néanmoins, ils prévoient l’ouverture d’un show-room sur Paris (rue de Paradis) où il sera possible de se rendre sur RDV. Je suis certain qu’ils ne manqueront pas de nous en tenir informés.
{Précision ultérieure : le show-room est ouvert depuis la mi-2008 au 46 rue de Paradis à Paris, 10e.}
Cela me fait penser qu’une autre marque française vient d’apparaître... vente en ligne, annonce de l’ouverture prochaine d’une boutique mais pas le même positionnement ni les mêmes tarifs...
Les chaussures...
Quelques commentaires en vrac !
- La collection tourne aujourd’hui essentiellement sur 4 formes : derby & richelieu ville, bottine, mocassin (production espagnole) et une pour les modèles en norvégien (production portugaise).
- Dans la conception de leurs chaussures, ils ont le souci permanent d’obtenir un confort maximum et de minimiser les plis de marche, si tenté que cela soit possible. M. Fernandez évoque notamment la complainte du client qui n’arrive pas à "casser" ses chaussures en montage Goodyear. Pour cela, ils ont travaillé sur trois aspects : réduction de l’épaisseur de la trépointe et de la semelle d’usure (peut-être d’autres avantages... ?), montage sur des formes plus adaptées et travail de la peau, tout cela afin de donner à la chaussure une grande souplesse.
- Markowski ne pense pas seulement aux hommes mais aussi aux femmes, notamment avec des modèles colorés... voir les photos.
- Des modèles en Cordovan - environ 200 paires en tout - seront bientôt proposés dans la collection (autour de 300 euros).
{Précision ultérieure : la gamme en Cordovan a bien été lancée et fait désormais partie de leur offre permanente.}
- Ils considèrent que la qualité de leurs chaussures leur permet d’envisager une durée de vie de 5 à 15 ans en fonction de l’entretien. La marque est encore trop récente pour offrir le recul nécessaire à une vérification.
- Les cousus norvégiens observés étaient tous en semelle gomme : cousu norvégien et trépointe sur une semelle intercalaire à laquelle est soudée la semelle d’usure en gomme. Dommage qu’un modèle tout cuir ne soit pas disponible.
- Si les semelles sont noires, c’est un peu pour faire joli et surtout parce que leur tannage lent laisse des traces qui ne peuvent être cachées que par ce moyen de coloration profond.
- Ils sont très fiers de proposer des bottines "grand cambre" réalisées à partir d’une même pièce de cuir avec une seule couture au talon. Ils utilisent pour cela des plaques trouvées en Espagne et que peu de gens semble connaître ou utiliser.
- Les pointures commencent à partir du 7, sauf pour les modèles en cordovan à venir... il doit y avoir une raison mais je le regrette.
{Précision ultérieure : de nombreux modèles sont désormais disponibles à partir de la taille 6.}
Ambitions et développement...
L’affaire démarre mais leur réseau est déjà activé pour multiplier les ventes ! Si aucun chiffre ne m’est fourni, ils me précisent que le démarrage est meilleur que prévu. Leur objectif est d’atteindre en 3 ans un volume de 50 000 paires vendues à l’année (à vérifier...).
A ce jour, début 2008, ils considèrent bénéficier d’un "buzz" favorable qui leur permet d’avoir entre 150 et 200 visiteurs par jour sur leur site internet. Également quelques articles dans la presse spécialisée (Pointures, Monsieur, etc...) mais un plan de communication plus élaboré devrait voir le jour.
Si le marché français reste pour l’instant leur priorité, un développement à l’international est déjà envisagé, essentiellement sur le plan européen.
Des photos !!!
Mauvaises bien évidemment mais je fais ce que je peux... et quelques commentaires associés...
Je précise qu’il s’agit parfois de modèles d’exposition ou de prototype ce qui explique le contexte léger et les quelques imperfections parfois visibles.
- Le même richelieu ''one-cut'' sous 2 éclairages différents :
On peut voir que la couture du montage Goodyear s’arrête au début du talon (entièrement cuir, fixé comme un fer dans la trépointe, clouté et collé). Lisses rondes et fines, pas de passage de fraises sur les points. A titre personnel, cet aspect me déplait légèrement mais certaines maisons prestigieuses savent en faire autant à Paris et à un coût nettement supérieur.
- Un derby en cuir grainé :
- Pas encore disponible, un saddle bicolore, il existera en 3 versions... ma préférée :
J’avoue qu’il est loin d’être déplaisant et que je me laisserais volontiers tenter...
{Précision ultérieure : le saddle bicolore est bien arrivé dans mes placards en juillet 2008 !}
Ce même modèle existe aussi en nuances de gris (extrémité reprise d’une autre photo) :
- Un richelieu coloré pour l’été, mon préféré, le vert sapin :
Et les autres couleurs :
- Également pour l’été, la version colorée du mocassin type "Alden" (par ailleurs disponible en veau velours chocolat) :
- Le mocassin "léger", un classique présent dans d’autres maisons :
Ils ont fait en sorte d’approcher le plus possible le bout de la chaussure avec les insertions de gomme afin de le protéger au maximum lors de la marche.
- La version du ''Sebago'' par Markowski :
- Et quelques modèles femme du saddle :
D ’autres chaussures légères, des petits mocassins, seront disponibles dans un tas de couleurs pour les dames.
Des photos, encore !!!
Ces photos, communiquées par la marque, présentent quelques modèles de la collection été 2008 ; disponibilité prévue pour mars 2008.
NB : accessoirement, la discussion a duré près de 2 heures et je n’ai pris que très peu de notes alors ma mémoire peut montrer quelques défaillances. Difficile dans tous les cas de tout retranscrire...