Bien... je me retrouve devant une table haute - comment, un établi d'horloger !? - avec des drôles de choses :

Je lis une diapo sur l'écran et je me dis que ce n'est pas gagné :

On va quand même soulever le couvercle pour voir ce qu'elle réserve :

- Quelques outils pour tout casser :

- un calibre IWC C 952 :

Il s'agit d'un calibre pour montre de poche produit à partir de 1935. Il portait alors la référence IWC C 95 ; le 2 a été ajouté dans les années 70 lors de l'ajout de l'Incabloc. C'est un calibre toujours en production qui sert de base pour la répétition minutes. Monsieur Klaus me précise à ce sujet qu'il faut environ 3 semaines 1/2 à 4 semaines à un horloger hautement qualifié pour assembler une seule répétition minutes.

C'est le moment de commencer le démontage, étape plutôt facile, et de ranger les petites pièces au propre sous la cloche :

Je fais un effort particulier pour être aussi attentif et précis que possible :

Et ce malgré ma difficulté à me concentrer aux côtés d'une journaliste sympa qui pense plus à s'amuser :

Pour la petite histoire, je m'y suis repris à deux fois mais la montre est correctement repartie !

Après cette session, j'ai discuté assez longuement - et pour mon plus grand plaisir - avec l'ambassadeur de la marque et animateur de la soirée, Monsieur Kurt Klaus :

Il faut dire que j'étais très probablement le seul à montrer autant d'intérêt, les autres ayant filé au cocktail. Ainsi, que l'on soit sensible ou non à la gamme IWC, il est par contre difficile de rester insensible au personnage qui l'incarne certainement aussi bien.

J'aimerai pouvoir retranscrire intelligemment la très longue discussion que nous avons eu ensemble mais c'est difficile.

Il m'a parlé de sa philosophie, une horlogerie de tradition associée à la technologie avec pour objectif l'industrialisation. Il me dit que faire 5 pièces ne l'intéresse pas, il préfère concevoir un calibre qui sera produit à 5000 exemplaires.

Nous avons évoqué la Da Vinci et sa conception. Il me dit que depuis 30 ans son secret et son savoir-faire résident dans sa maîtrise des calibres modulaires : une couche de base H/M/S, une couche quantième perpétuel et une couche répétition minutes pour finir, plus facile à dire qu'à faire... La conception de la Da Vinci lui a nécessité 4 ans de travail, uniquement sur le papier ; 25000 exemplaires produit depuis son lancement.

Depuis maintenant 20 ans, il m'a précisé ne plus travailler que sur ordinateur mais cela reste pour lui qu'un simple outil. La conception sur ordinateur du calibre IWC 5000 lui a pris 5 ans... et la transition entre le papier et l'ordinateur 1 semaine...

Il partage maintenant son temps chez IWC entre la conception et son rôle d'ambassadeur. Il travaille sur les pièces 'élaborées' de la gamme et me parle de futurs développements sur la base de la Jones pour Avril 2007. Il laisse aux autres horlogers le soin de développer le reste de la gamme 'classique'.

A 72 ans, il aura 50 ans de manufacture IWC le 2 janvier 2007. Et, pour autant, il ne cesse de penser à sa passion comme au premier jour avec une pointe de nostalgie mais une vraie envie de continuer son métier de conception et de communiquer son bonheur à l'exercer. Pour la petite histoire, seulement un pivot d'une roue a été cassé dans la soirée (offerte en souvenir à la personne) ; selon ses dires, ceux qui font le plus attention au mouvement lors de ces cours sont dans l'ordre :

1 - les collectionneurs
2 - les journalistes
3 - les revendeurs
4 - les clients finaux (eux, rien à faire)

Voilà, moi, j'ai passé une excellente soirée. Un grand merci à Monsieur Kurt Klaus pour le temps qu'il a bien voulu m'accorder !

Merci également à ma petite épouse qui m'a rancardé au dernier moment et m'a laissé 8 appels en absence ne sachant plus ou j'étais (avec Kurt Klaus, voyons...).

Désolé pour la qualité médiocre des photos, je n'avais pas prévu le coup...