Venise

Weekend, fin septembre 2008.

Jeudi

Arrivée à Venise peu après 12h. Nous rejoignons à pieds l'embarcadère d'Alilaguna où nous prenons le direct entre l'aéroport et la station San Zaccaria (Linea Oro). Si le trajet est plus long qu'en taxi, il coûte aussi moins cher en étant tout aussi pratique puisqu'il nous dépose juste en face de notre hôtel, le Danieli.

Cet hôtel sera une des rares petites déceptions de ce séjour. Si les parties communes sont impressionnantes, tout comme la vue du toit-terrasse du Danieli moderne (voisin immédiat du palais historique), la chambre est plutôt triste et vieillotte et les tarifs stratosphériques rendent le rapport qualité / prix assez médiocre. Cela dit, à Venise, il est préférable de fermer les yeux sur ce genre de détails... Mais si nous avons un jour le plaisir de retourner à Venise, je chercherai une autre solution pour nous loger.

Le programme du jour est peu chargé et essentiellement consacré à un repérage des principaux quartiers de la ville. Nous sommes plutôt chanceux, la météo est avec nous et rend la flânerie agréable.


Vue du pont du Rialto


Vue du pont de l'Académie

La sélection des tables à visiter a fait l'objet d'un soin tout particulier - pour éviter dans la mesure du possible les déceptions... - et s'est appuyée sur le guide Gambero Rosso. Le choix se porte sur l'Osteria alle Testiere (note : 77 sur 100 au GR) situé dans le Castello pour notre premier dîner (Castello, Calle del Mondo Novo, 5801). Nous avons obtenu une table de justesse en l'absence de réservation.

Un dîner très agréable qui allait au-delà de tout espoir et efface d'un coup mes craintes sur la qualité de la  restauration dans cette ville. Une cuisine simple, fraîche et bonne comme on l'espère souvent mais la trouve plus rarement ; les couteaux justes saisis en entrée laissent un souvenir encore bien présent à GL et les vins dégustés étaient très corrects. A ce sujet, nous ne partons pas très loin avec un Prelit 2004 en rouge, IGT Venezia Giulia, de Podversic Damijan, un viticulteur réputé du Frioul. Tarif raisonnable pour la qualité, le service et le plaisir de ce moment.

A noter l'existence de l'Associazione dei Ristoranti della Buona Accoglienza di Venezia qui regroupe 14 établissements réputés pour leur accueil de qualité et le respect d'une cuisine locale. L'Osteria Alle Testiere figure dans la liste tout comme quelques adresses sympathiques dont le restaurant Al Covo que j'aurais aimé pouvoir visiter.

Vendredi

Ciel couvert et température légèrement fraîche ne nous empêchent pas de prendre le petit-déjeuner en terrasse pour apprécier la vue.


Ile de San Giorgio Maggiore

Notre programme du jour comprend la visite du Palais des Doges, de la Basilique Saint-Marc, du Musée d'Art Moderne Ca'Pesaro et, pour finir, celle de la Galerie de l'Académie. Avec le recul, et même si cela nous a libéré le samedi, c'est probablement une erreur d'avoir voulu faire autant de visites en une seule journée.

Globalement, nous avons la chance de pouvoir visiter ces différents lieux dans des conditions plutôt bonnes. Un peu de monde au Palais des Doges mais cela reste parfaitement acceptable. De même pour la Basilique Saint-Marc où nous n'avons pas à attendre pour y pénétrer. Le Musée d'Art Moderne est quasiment vide et c'est un plaisir d'arpenter les salles de ce palais restauré ; toutefois, les collections présentées sont un peu moins exaltantes que le lieu en lui-même.

Nous arpentons longuement le Dorsoduro et San Polo qui resteront mes quartiers favoris pour leur ambiance. Nos balades nous amènent par hasard à la boutique de Monica Daniele (San Polo, Calle Scaleter, 2235) qui vend de belles capes vénitiennes (Tabarro) et de nombreux chapeaux. En son absence, c'est son aimable époux qui tient la boutique gentiment désuète et nous fait la conversation en français. Au moment de conclure mon achat, il me propose de payer un prix remisé ou le prix normal avec un livre en sus car il est éditeur. Je préfère bien évidemment repartir avec un livre, Meurtre à Venise de Pierre Schuster dans une édition bilingue italien et français, qui s'avérera une lecture légère et tout à fait plaisante.

Avant d'attaquer la visite de l'Académie, nous faisons une pause pour un déjeuner tardif à l'Enoteca ai Artisti. Situation agréable et nourriture saine. Ce n'était toutefois pas suffisant pour nous remettre dans l'état physique et mental que nécessite la Galerie pour l'apprécier pleinement. En fin d'après-midi, nous prenons le Vaporetto à la sortie de la Galerie pour remonter le Grand Canal. Cela nous permet de repérer le restaurant du soir et de revenir à notre hôtel en traversant de nouveaux quartiers comme le Cannaregio ou le Castello.

Passage à l'hôtel pour se reposer autant que faire se peut après cette longue et difficile journée. Mais c'est toujours fatigués que nous repartons de l'hôtel alors le trajet s'effectuera en Vaporetto pour se rapprocher au maximum du restaurant Vini da Gigio (note : 81 sur 100 au GR). La soirée était un peu particulière en raison de l'anniversaire de GL et tout fut simplement parfait avec une mention particulière pour le personnel en salle et nos voisins de table, tous d'une très grande gentillesse et sympathie. Plus globalement, j'ai apprécié l'ambiance naturelle et décontractée du lieu, dont la clientèle était aussi plus locale, et j'ai trouvé la cuisine d'un niveau supérieur au restaurant de la veille ; de bons plats italiens sans autre prétention que de bien faire, c'est un bonheur ! Le vin était lui aussi intéressant : un Valpolicella DOC classico superiore 1999 de Giuseppe Quintarelli à Ceri di Negrar - Verona. Je ne connais pas plus ce vigneron mais sa réputation semble excellente et reconnue notamment pour son Amarone della Valpolicella.

Après ce dîner particulièrement apprécié, nous retrouvons suffisamment de courage pour rentrer à pieds.


Place Saint-Marc


Basilique Saint-Marc

Samedi

Le programme du jour nous amène à Murano et prévoit simplement la visite de la collection Peggy Guggenheim au Palazzo Venier dei Leoni.

Pour Murano, nous faisons l'erreur de passer par l'hôtel. Ils nous organisent le trajet en taxi (gratuit... mauvais...) et notre visite sera strictement cantonnée à la verrerie où nous sommes déposés. Nous y sommes pris en charge avec un traitement de faveur, probablement l'effet Danieli. C'est assez pénible et l'objectif était d'en sortir le plus rapidement possible en y laissant le moins de plumes possible. On explose néanmoins le montant maximum envisagé en évitant toutefois la catastrophe et l'endettement pour l'achat d'un lustre. Finalement, la rigolade l'emporte sur la frustration dans ce piège à touristes. Nous le savons désormais pour le futur, il faut se débrouiller seuls pour visiter librement Murano !

L'autre bonne occasion de se faire plumer sévèrement à Venise semble être le tour en gondole mais j'ai lutté tout le weekend pour y échapper avec succès.

Dans la foulée, nous déjeunons au restaurant Acqua Pazza, finalement le seul restaurant que je ne recommande pas. Pas tant pour sa cuisine, pizza correcte sans être tout à fait donnée, mais plus pour l'ambiance. C'est ici la version touristique, il faut que cela tourne, et le patron ne cesse de harceler le personnel vaguement motivé. Traitement des clients avec un certain dédain, ce n'est de toute manière pas ce qui manque alors je laisse volontiers ma place aux autres.

Nous repartons pour la collection Guggenheim dans le Dorsoduro. Le lieu et les collections forment un ensemble remarquable, il est simplement regrettable de ne pas l'avoir vu dans de meilleures conditions car espaces restreints et affluence de groupes et touristes ne font pas bon ménage. La terrasse avec ses sculptures au bord du Grand Canal mérite un arrêt prolongé pour profiter de l'instant. Ce musée restera comme celui auquel j'ai été le plus sensible pour ses collections contemporaines.


Palais Venier dei Leoni et sa verdure

Et c'est donc sous un joli ciel que notre balade en Vaporetto s'effectue en fin d'après-midi.


Grand Canal


Pont du Rialto

Aucune table réservée pour ce dernier soir et le restaurant Da Fiore, réputé (à tort ?) comme l'un des tous meilleurs restaurants de Venise, est définitivement complet. Le soir, Venise se vide de ses touristes qui viennent seulement pour la journée et ne dorment bien souvent pas ici en raison des tarifs élevés de l'hôtellerie. Alors nous nous baladons longuement dans les ruelles vides avant de retourner finalement, pour y dîner cette fois, à l'Enoteca San Marco (San Marco, Frezzeria, 1610). Elle nous a servi depuis notre arrivée de bar à l'heure de l'apéritif. C'est là encore une bonne surprise car les nourritures sont bonnes et le vin, choisi sur la base de critères douteux, s'avère surprenant, d'autant plus si on considère son tarif tout doux : Phigaia "After the Red" 2004 en rouge, DOC Montello e Colli Aselani, du domaine Serafini & Vidotto à Nervesa della Battaglia en Vénétie, non loin de Venise.

Je crois aussi que cette ville nous a plu au-delà de toute espérance, nous permettant d'être dans de bonnes dispositions tout au long de ce court séjour pour en apprécier pleinement chaque instant.

Dimanche

L'horaire de notre avion ne nous permet pas de profiter de la journée. Avant de partir, nous aurons au moins la chance de vivre le ridicule d'une grève de personnel au Danieli avec un petit-déjeuner particulièrement bordélique. Une bonne raison supplémentaire pour trouver un autre point de chute la prochaine fois.

C'est toujours bon signe quand nous repartons d'un lieu avec plein de bonnes raisons pour y revenir un jour... nous n'en manquons pas pour Venise : voir d'autres lieux, d'autres palais, d'autres îles de la lagune et notamment celles du Lido et de la Giudecca ; flâner encore et toujours dans les ruelles en échappant aux hordes de touristes étonnamment concentrés autour de la place Saint-Marc ; retourner dans les restaurants visités et en découvrir de nouveaux ; ne pas voir de voitures pendant quelques jours... et retourner à la Galerie de l'Académie !