Introduction

Il existe malheureusement peu de sources fiables pour connaître en détails l'histoire de ces montres. De même, la volonté que l'on retrouve chez certains collectionneurs à tout mettre en œuvre pour respecter le strict état d'origine des montres anciennes n'était certainement pas partagée par les horlogers des ateliers chargés de la maintenance de ces montres militaires.

L'histoire des chronographes "Type 20" & "Type 21" commence au lendemain de la seconde guerre mondiale avec l'objectif de doter les pilotes d'instruments fiables pour la mesure du temps. Ainsi, au début des années 50, plusieurs fabricants de montres-bracelets fournissent des chronographes aux forces militaires françaises selon le cahier des charges établi. Ils ont initialement été désignés sous l'appellation "Type 20". Quelques années plus tard, la conception de ces premiers exemplaires étant devenue obsolète et leur entretien coûteux, un nouveau cahier des charges permet l'introduction sous l'appellation "Type 21" de nouveaux modèles avec une plus grande fiabilité.

Les fournisseurs identifiés avec certitude de ces chronographes militaires ont été Auricoste, Breguet et Vixa dans les années 50 puis Dodane dans les années 60. La maison Dodane est aussi à l'origine des modèles sous d'autres marques comme Airain (et Airin sans le deuxième "a"), Chronofixe (et Chronofix sans le dernier "e"), Dod ou encore Laurent Dodane pour des versions tardives à quartz. Pour Auricoste, Breguet et Vixa, le cadran du chronographe arbore généralement la mention "Type 20" mais il est souvent possible de retrouver indifféremment "Type 20" ou "Type 21" pour ceux produits par la maison Dodane sous une même marque.

Spécificités

La première d'entre elles est de proposer la fonction de remise à zéro directe ou "retour-en-vol" (Flyback ou Taylor en anglais). Si aujourd’hui l’électronique embarquée règne sans partage dans les cockpits, ces technologies modernes n'ont bien évidemment pas toujours été disponibles et les instruments développés par les horloger permettaient de répondre aux besoins de mesure du temps.

En altitude, les itinéraires se calculent selon des caps et des temps prédéfinis. L’utilité d’une montre capable de mesurer les temps courts s’avérait donc incontournable d’où l’intérêt du chronographe. La marque Breitling semble être la première, au début des années 30 (1933 ou 34), à produire un modèle doté de deux poussoirs. Mais ces poussoirs restaient difficiles à atteindre rapidement et aisément. A cela s’ajoute un élément fonctionnel : plus que de connaître le temps écoulé, les pilotes avaient surtout besoin d’un compteur qui démarre sur demande et qui se remette le plus vite possible à zéro pour amorcer une nouvelle mesure. Cela servait, par exemple, à calculer des rondes d’attente avant d’atterrir.

C'est donc à Longines que revient l'initiative dans la seconde moitié des années 30 (1936 ou 38) de présenter un mouvement de chronographe avec la fonction "retour-en-vol". Dans ce cas, un seul poussoir assume l'ensemble des fonctions : une première pression pour déclencher le mécanisme et une seconde pour l’arrêter et le remettre instantanément à zéro avant qu’il ne redémarre aussitôt. Cependant, pour quelques puristes, la fonction apparaît comme une anomalie puisqu’on ne peut pas lire le temps écoulé. Toutefois, aujourd’hui encore, des pilotes continuent de l’utiliser et plusieurs marques la proposent toujours dans leur catalogue pour offrir une complication originale et alternative au chronographe traditionnel.

D'autres spécifications d'ordre mécanique et qualitative étaient exigées pour le Type 20 et notamment : une précision de 8 secondes par jour, une réserve de marche supérieure à 35 heures et la capacité à gérer les opérations de départ, arrêt et remise à zéro au moins 300 fois sans le moindre problème.

En France, les principaux bénéficiaires de ces chronographes ont été les pilotes et le personnel navigant de l'Armée de l'Air, de la Marine Nationale et du C.E.V. (Centre d'Essai en Vol). Certaines de ces montres ont notamment servies pendant la guerre d'Indochine. D'autres ont été vendues aux forces aériennes du Maroc et de l'Argentine.

Les chronographes en dotation étaient censés être révisés chaque année mais cela reste de la théorie. Après chaque entretien, le fond de la montre était gravé d'une date de Fin de Garantie (les lettres "FG" précédaient cette date) pour indiquer quand devait avoir lieu la prochaine maintenance. L'histoire montre qu'une forme certaine de fantaisie avait cours dans le milieu des ateliers en charge de ces révisions ; ils étaient donc révisés de manière aléatoire.

Les "Type 20" et "Type 21" ont certaines caractéristiques communes. Tous deux sont équipés de calibre à remontage manuel avec la fonction "retour-en-vol", de cadrans noirs avec des chiffres arabes lumineux et d'une lunette tournante bi-directionnelle avec repère. Les deux types ont des dimensions proches comprises entre 37 et 39 mm de diamètre hors couronne.

Au-delà des similitudes de base, certaines variations existent toutefois dans le détail des différentes montres fournies par chacun des fabricants. De la même manière, plusieurs mouvements ont été utilisés. Certains chronographes possèdent deux registres et d'autres trois. Certains ont une lunette gravée en heure et d'autres une lunette avec un simple repère. Les montres ci-après, essentiellement tirées de ma collection, illustrent quelques-unes de ces différences.

Auricoste

La manufacture est initialement créée en 1854 par Emile Thomas, horloger spécialiste du chronomètre de marine. Joseph Auricoste prend sa relève en 1889 et lui donne son nom à cette occasion. La manufacture conservera tout au long de son existence des relations étroites avec l'Armée Française et une forte réputation de spécialiste pour ses chronomètres de marine et ses montres-bracelets.

La livraison des modèles Auricoste "Type 20" à l'armée française s'effectue entre août 1954 et mars 1955 et la production totale est estimée à 2000 pièces. Le calibre employé est un Lemania 2040 (15TL) de 15 lignes avec la fonction "retour-en-vol", un registre de 30 minutes à 3h et une seconde permanente à 9h. Il existe deux types de boîtes pour ce modèle : l'une en laiton chromé, l'autre en acier inoxydable. La première est de loin la plus répandue mais aussi la plus fragile et montre très souvent les traces de la fatigue du temps à moins d'avoir subi un rhodiage (principe qui consiste à déposer par électrolyse une fine couche de rhodium). Le rendu de cette opération n'est pas toujours très heureux - l'aspect tourne souvent au gris mat et s'éloigne de l'aspect chromé initial - et le retrait de matière engendré par le nettoyage de la carrure entraine quelques infimes mais néanmoins visibles décalages entre carrure et fond de boîte. Pour cette raison, mon modèle est resté en l'état avec ses défauts ! Le modèle en acier est beaucoup plus rare et il a essentiellement été réservé au Centre d'Essai en Vol de Brétigny-sur-Orge suite à des commandes spécifiques.

Dans les deux cas, la boîte fait 38 mm de diamètre hors couronne et le fond est en acier et clipsé. La lunette est crantée, bi-directionnelle et dispose d'un simple repère. Des modèles ont été produits ultérieurement en petit nombre pour les pilotes marocains et argentins ainsi que pour le marché civil. Ils possèdent généralement une lunette graduée en matière synthétique.


Auricoste "Type 20", calibre Lemania 2040 - source : photo personnelle

Cette montre est datée d'octobre 1954 selon son fond qui porte également le numéro de contrat de  l'Armée "5.099-54" ainsi qu'un numéro de série. Sept dates de Fin de Garantie figurent sur ce même fond dont les années sont les suivantes dans l'ordre chronologique : 62, 67, 70 (X2), 74, 79 et 82.

La marque Auricoste est rachetée au début des années 90 par M. Claude Tordjmann et son siège est alors basé à Paris dans le 15e arrondissement. Depuis maintenant plusieurs années, le projet de ré-édition d'un chronographe Auricoste "Type 20" était dans les cartons mais peu de collectionneurs y croyaient encore en raison des reports réguliers... Une collaboration informelle s'est entre-temps installée avec la Maison Dodane, qui avait pris un peu d'avance sur le sujet, et il semble désormais que deux nouvelles versions d'un chronographe "retour-en-vol" Auricoste soient prochainement disponibles. Vu la disposition des compteurs, il est certain que les calibres proviennent de la même source que les ré-éditions Dodane.

Breguet

La seule version que je ne possède pas à ce jour et que je doute même de posséder un jour pour deux raisons : sa côte élevée, voire injustifiée, et des doutes fréquents sur l'authenticité des modèles proposés à la vente. Ce n'est pas forcément la plus rare mais elle reste certainement la plus valorisée et prisée des collectionneurs (ou marchands...) pour le prestige de sa marque qui n'apparait d'ailleurs pas toujours sur le cadran !

L'existence des montres Breguet remonte en 1775 quand le célèbre horloger Abraham-Louis Breguet (1747-1823) s'établit sur l'île de la Cité à Paris. Le siège restera basé dans cette ville jusque dans les années 1970. Elle s'installe en 1976 en Suisse où l'ensemble de la production sera alors réalisée. La marque sera la propriété de la famille Brown, sous trois générations entre 1870 et 1970, date à laquelle elle devient la propriété de Chaumet. En 1987, le fond InvestCorp la rachète et la conserve jusqu'en 1999, année de l'acquisition par le Groupe Swatch.

La relation entre les montres Breguet et l'industrie de l'aviation s'explique notamment au travers de Louis-Charles Breguet (1880-1955), arrière-arrière-petit-fils d'Abraham-Louis Breguet et pionnier de l'aéronautique. Louis-Charles Breguet développe son premier avion en 1909 et sa société d'aviation fournira pendant la première guerre mondiale le Breguet XIV aux forces alliées.

Le Breguet "Type 20" a été fourni à partir de 1954 à l'Armée de l'Air, l'Aéronavale et le Centre d'Essai en Vol (CEV). La carrure et le fond vissé sont en acier inoxydable et provient, pour la première génération, de l'entreprise Mathey ; ce point est très souvent précisé dans les archives pour chacune des montres. Selon les versions, plusieurs lunettes accompagnent le Breguet "Type 20" : crantée avec un simple repère et graduée en heures ou en minutes, ces deux dernières dans le sens horaire.

Le modèle courant de l'Armée de l'Air possède un compteur de 30 minutes à 3 heures et utilise un calibre Valjoux 222 équipé du "retour-en-vol". Ce mouvement modifié est tiré du Valjoux 22 de 14 lignes (1 ligne = 2,2558 mm soit 31,6 mm) ; il existe depuis 1914 et a été l'un des tous premiers mouvements de chronographe conçu pour les montres de poignet. Le fond de ce modèle est généralement gravé "BREGUET / TYPE 20 / 5101/54", les deux derniers chiffres étant pour le numéro de contrat et l'année. La lunette bi-directionnelle possède un simple repère. Le nombre total des exemplaires de Type 20 livré à l'Armée de l'Air n'est pas connu. Un travail d'archives serait nécessaire pour les recenser et Mr Emmanuel Breguet m'a proposé de le faire un jour ; à méditer !

La Marine Française a, pour sa part, commandé une version spécifique avec un compteur de 15 minutes, temps nécessaire aux pilotes pour le contrôle de l'avion avant départ. Ils ont été gravés avec la mention "BREGUET / MARINE NATIONALE / AERONAUTIQUE-NAVALE". Cette unique commande date de 1958 et a été livrée dans sa totalité, soit 500 exemplaires, en 1960. Chaque modèle recevait, en sus de son numéro Breguet, un numéro propre à l'Aéronavale [MAJ 14/05/2013].

On peut souvent lire que le CEV aurait pour sa part commandé 500 montres avec 2 compteurs sur base de Valjoux 22 et 50 autres avec 3 compteurs sur base de Valjoux 72, toutes gravées avec la mention "CEV" et leur numéro de série. Cependant, suite à cette rencontre avec Monsieur Emmanuel Breguet, il s'avère que le nombre total de montres fournies au CEV serait de 50 exemplaires et non 550 [MAJ 14/05/2013]. Cette version possède un compteur de 15 minutes et une lunette graduée en heure dans le sens horaire.

Certains pilotes ont eu la possibilité d'acheter le Breguet Type 20 à titre personnel et quelques versions ont été commercialisées sur le marché civil. Dans les années 70, Breguet a de nouveau répondu à des appels d'offre de l'Armée mais leurs tarifs étaient alors trop élevés. Une deuxième génération de modèle civil a également été produite et commercialisée pendant les années 70 et 80. La troisième génération strictement civile du chronographe a été lancé en 1995 sous l'appellation Breguet Type XX avec un calibre automatique Lemania.

Ma rencontre du 13 mai 2013 avec Monsieur Emmanuel Breguet à la boutique parisienne, siège d'un petit musée de la marque et des archives, m'apprend également que deux types de carrure ont été utilisées pour les type 20 : la première génération, réalisée par Mathey, fut utilisée de 1954 à 1969. A partir de 1970, apparait une carrure différente, aux formes plus carrées, accompagnée d'une lunette tournante en matière synthétique. Elle sera utilisée jusqu'à l'apparition de la troisième génération.

Pour observer d'éventuelles photos des divers modèles Breguet, Google reste encore la meilleure source avec les sites internet des marchands réputés. Pour les modèles anciens, il faut aussi noter la disponibilité reconnue de Monsieur Emmanuel Breguet à Paris ; il dispose des registres Breguet et peut attester d'une montre à partir de son numéro de série. Une aide précieuse en cas de doute.

Vixa

Par son aspect - ensemble boîte, lunette et cadran - et sa taille, le Vixa est certainement un des modèles les plus désirables parmi toutes les versions des Types 20 & 21. La production commence au début des années 50 sur la base de boitier et mouvement Hanhart 41 et les livraisons sont effectuées à partir de 1954. La production totale des chronographes Vixa "Type 20" est estimée à environ 4000 à 5000 pièces.

L'horloger Adolf Hanhart s'établit en 1882 à Diessenhofen dans le nord-est de la Suisse avant de déménager en 1902 à Schwenningen, au sud de l'Allemagne, un des berceaux de l'horlogerie. Dès 1924, à l'initiative de Willy Hanhart, l'entreprise se lance dans la production d'instruments de mesure du temps notamment pour le chronométrage sportif ; Cette spécialisation fera la renommée d'Hanhart. Après la seconde guerre mondiale, pièces et outils sont récupérés par la France au titre des réparations de guerre et donnent naissance aux chronographes Vixa. L'histoire est la même pour une autre marque allemande, Stowa, et la fourniture aux forces terrestres françaises de la montre-bracelet Stowa "Armée Française". En reprenant ainsi boîte et calibre, la Vixa "Type 20" est identique aux chronographes Hanhart des pilotes allemands.


Vixa "Type 20", calibre Hanhart 4054 - source : photo personnelle

Le cadran fait état des mentions "Vixa Type 20 antimagnetic". La lunette est crantée, bi-directionnelle et dispose d'un simple repère. Le boitier est en acier inoxydable avec un fond vissé et sa taille de 39 mm hors couronne est un peu plus grande que les autres "Type 20". Le fond fait apparaître la référence du contrat militaire "5100 54", un numéro de série et la lettre "P" qui témoigne d'un passage dans les Ateliers Péchoin. Neuf dates de Fin de Garantie figurent sur le fond dont les années sont les suivantes dans l'ordre chronologique : 56, 62, 66, 69, 71, 73, 77, 83 et 85.

Le calibre est un Hanhart 4054 de 15,5 lignes avec roue à colonne (élément qui coordonne les séquences de la fonction chronographe - départ, arrêt et remise à zéro - généralement remplacé par un système de leviers dans les calibres plus récents). Un numéro de série (différend de celui sur le fond) ainsi que la mention "Germany" sont gravés sur la platine.

Depuis quelques années, la marque Vixa est de nouveau exploitée par une société allemande qui propose des ré-éditions très approximatives et autres nouveaux modèles, le tout sans le moindre intérêt esthétique ou horloger.

De même, Hanhart, après avoir été relancée au début des années 50, a poursuivi son chemin jusqu'à nos jours malgré les difficultés économiques. Si quelques ré-éditions très fidèles ont été proposées dans un passé récent, l'entreprise fait face depuis 2008 à de nouveaux développements et la production actuelle est très éloignée et plutôt inintéressante.

Airain, Dodane et Chronofixe...

Ou plutôt Airain, Airin, Dod, Dodane, Chronofixe et Chronofix ! La maison Dodane est créée à la Rasse dans le Doubs par Alphonse Dodane en 1857. Plus tard, elle s'installera d'abord à Morteau en 1905 avec la 2ème génération (Alphonse-Gabriel) puis à Besançon en 1929 avec la 3ème génération (Raymond). Très tôt, au début du XXe siècle, elle diversifie son activité au-delà de l'horlogerie traditionnelle en se spécialisant dans les instruments de mesure du temps pour les domaines militaires et aéronautiques. La maison Dodane revit aujourd'hui grâce à la quatrième (Laurent) et cinquième génération (Cédric) et commercialise depuis 2005 des ré-éditions civiles du "Type 21".

La maison Dodane est étroitement liée à l'histoire des "Type 20" et "Type 21" et sa production totale, concentrée entre les années 1960 et 1980, serait d'environ 5000 pièces. Elle emploie alors essentiellement des ébauches suisses Valjoux sur base 22 & 23 (2 compteurs) et 72 (3 compteurs) et, de manière plus anecdotique, des calibres Urofa 59 issus des réparations de guerre pour les toutes premières versions des années 50 ainsi que des mouvements à quartz pour les versions les plus récentes dans les années 90.

Les chronographes Airain, Dodane et Chronofixe partagent généralement le même boîtier en acier inoxydable de 37mm avec un fond vissé toujours en acier. Cependant, comme presque tout et n'importe quoi a existé dans ce domaine, je possède également une version "Chronofix Luxe Type 222" avec un boitier en laiton chromé : il s'agirait des versions les plus anciennes en raison de la pénurie d'acier à la sortie de la seconde guerre mondiale. Habituellement, les versions Airain et Chronofixe ne présentent pas de Fin de Garantie et possèdent souvent les trois étoiles du contrôle Cetehor gravées sur le fond. La lunette est bi-directionnelle, crantée (petits crans pour Airain, moyens pour Dodane et larges pour Chronofixe) et gravée avec les heures à rebours. Cette gravure à rebours pouvait notamment servir d'indicateur pour le nombre d'heures de vol restant en fonction du carburant embarqué.

En dehors des marques citées ci-dessus, la maison Dodane précise avoir utilisé d'autres marques telles que Iram et Chronographe Militaire ; je n'ai jamais rien vu de tel et ne connais aucun horloger ou collectionneur dont la situation diffère de la mienne. Autre précision, le concessionnaire de la marque Chronofixe était la société Comptoir Commercial des Manufactures, implantée à Paris et dirigée par M. J.-R. Parmentier. Ingénieur horloger hautement qualifié, il a beaucoup collaboré avec la maison Dodane dans la réalisation et la commercialisation des types 11, 12, 20 et 21 mais aussi de la Triton Spirotechnique.


Airain "Type 20", calibre Valjoux 222- source : photo personnelle


Dodane "Type 21", calibre Valjoux 231, fond gravé C.E.V. - source : photo personnelle


Chronofixe "Type 20" Chronographe Chronomètre, calibre Valjoux 222 - source : photo personnelle


Chronofixe "Type 21", calibre Valjoux 222 - source : photo personnelle


Chronofix Luxe "Type 222", calibre Valjoux 222 - source : photo personnelle


Lunettes crantées ; de bas en haut : Airain, Dodane et Chronofixe - source : photo personnelle

Quelques modèles proviennent des réparations ou prises de guerre (estimation : moins de 10 pièces). Ils ont été francisés par la maison Dodane sous la marque Dod en masquant par des étoiles la marque d'origine - Tutima Glashutte ou Hanhart - et en apposant ou non la mention "Type 20" (voir les deux versions présentées page 460 du livre Military Timepieces de Konrad Knirim). Ils ont probablement servis au lendemain de la guerre à définir ce qu'un chronographe de pilote devait être. Les versions Tutima Glashutte possèdent un calibre Urofa 59. La majorité des pièces restantes pour ce calibre ainsi que son outil de production sont partis à la fin des années 40 pour Moscou chez Kirova (Первый Московский Часовой Завод - 1МЧЗ, à savoir la 1ère Manufacture de Montres Moscovites).


Dod, origine Tutima Glashutte, calibre Urofa 59 - source : Corsaire75 sur FAM

Si les chronographes militaires Dodane et marques associées sont en grande majorité des versions 2 compteurs, quelques rares versions 3 compteurs ont été produites pour les pilotes d'hélicoptère français ; cette production - qui relève plus d'une série "prototype" - est régulièrement estimée à 50 pièces tout comme pour la version Breguet 3 compteurs. Cette dernière est d'ailleurs réputée un peu moins rare que la version Dodane.

Les versions 3 compteurs produites au cours des années 80 et début 90 sont à disposition 3-6-9 et ont existé avec deux mouvements : l'un mécanique sur la base d'un Valjoux 72 et l'autre à quartz (probablement un module ETA, référence exacte inconnue). Selon Laurent Dodane, qui nous fournit une autre estimation, environ 225 pièces du "Type 21" en 3 compteurs mécanique ont été fabriquées et environ 275 en 3 compteurs à quartz pour faire face à l'impossibilité d'obtenir plus de calibre mécanique.

Je n'ai pas d'élément concernant cette production et sa distinction entre les 3 compteurs destinés aux pilotes d'hélicoptère (estimation de la production : 50 pièces) et ces dernières versions - mécanique et quartz - dont la production totale serait plus importante (respectivement 225 et 275 pièces). Par ailleurs, il se peut que certaines de ces pièces aient été également fournies au Maroc et à l'Argentine. Les deux seuls modèles jamais observés, un pour chaque mouvement, l'ont été chez Romain Réa et la version mécanique a été acquise par le collectionneur connu sous le pseudo Milwatch (1er exemplaire ci-dessous).


Dodane "Type 21" en 3 compteurs mécanique, calibre Valjoux 723 - source : Milwatch


Laurent Dodane "Type 21" en 3 compteurs, calibre incertain mais probablement mécanique si identique au boîtier ouvert (Valjoux 72) - source : internet

Entre 1990 et 1993 , une nouvelle version 3 compteurs est proposée avec une disposition 6-9-12. Elle dispose d'un calibre Lemania 185 sur base ETA quartz 955-232 assemblé par Dubois-Depraz. La présence ou non de la fonction "retour-en-vol" sur cette version est confuse ; selon Monsieur Laurent Dodane, la complication est possible mais nécessite une modification du calibre non effectuée d'origine sur le modèle. Son calibre est un des premiers calibres de chronographe analogique à quartz réalisés en Suisse. Il en existe au moins trois variantes de cadran : en "Type 21" avec les marques Dodane et Laurent Dodane et sans référence à un type spécifique avec la marque Airin.




Dodane "Type 21" en 3 compteurs quartz, calibre Lemania 185 - source : Corsaire75 sur FAM


Laurent Dodane "Type 21" en 3 compteurs quartz, calibre Lemania 185 - source : site japonais

Concernant le seul exemplaire en ma possession, le cadran ne fait pas état de la mention "Type 21" et le chronographe ne dispose pas de la fonction "retour-en-vol". Le fond fait néanmoins état de la référence OTAN attribuée à la maison Dodane, à savoir "F1950", ce qui suppose une éventuelle affectation militaire. Chaque fond présente également un numéro de série à 6 chiffres sur la base 547XXX : les 3 premiers (547) pour identifier la maison Dodane et les 3 derniers (XXX) pour le numéro de l'exemplaire ; le mien porte le numéro 275. Selon Monsieur Laurent Dodane, il existe environ 300 exemplaires toutes marques confondues de ce modèle à quartz.


Airin en 3 compteurs quartz, calibre Lemania 185 - source : photo personnelle

A noter pour l'anecdote car elle sort strictement du cadre des chronographes militaires en dotation, cette version commerciale et civile d'une Airain 3 compteurs équipée d'un Valjoux 72 mais sans la fonction "retour-en-vol". Sa boîte est une 4ATM en acier et la lunette en matière plastique reprend le principe des heures à rebours, lointaine référence aux Types 20 et 21. Elle a été acquise neuve de stock et possède encore son étiquette de garantie sur le fond mais la marque apparaissant sur cette dernière est Airin sans le deuxième "a". Elle date probablement des années 70 ou début 80 et on retrouve à quelques détails près le même modèle sous plusieurs autres marques.


Airain civile en 3 compteurs mécanique, calibre Valjoux 72 - source : photo personnelle